Habiter, cohabiter : l'insécurité dans le logement social

Janvier 2002
Auteur : Didier PEYRAT, Magistrat
98 pages


INTRODUCTION

Ce travail, réalisé à la demande de Madame Marie-Noëlle Lienemann,Secrétaire d'État chargée du logement, vise à apporter quelques connaissances sur le phénomène de l'insécurité dans l'habitat social et à suggérer certaines propositions pour le réduire.

La première précision qui s'impose concerne le domaine de cette étude :son périmètre est donc celui de l'habitat social.Ce n'est pas l'habitat "en général",mais l'habitat social :le domaine couvert par l'ensemble des organismes de logement destinés à assurer la jouissance d'un logement aux ménages dont les ressources ne dépassent pas les plafonds de ressources fixés par l'Etat.Ce n'est donc pas la sécurité dans les "grands ensembles",ni en ville ou en France, qu'il nous fallait essayer d'examiner mais bien la sécurité dans les 300 000 immeubles et 3 700 000 logements qui composent ce qu'il est convenu d'appeler le "parc HLM".On sous-estime souvent la grande diversité de configuration du logement social en France.Ce parc comporte de grands et de petits immeubles,et il est localisé en zones urbaines - des grandes,mais aussi des moyennes et des petites villes -en zones rurales ou semi-rurales,parfois sous une forme concentrée,parfois sous une forme disséminée.

Ainsi,nous avons dû sans cesse naviguer entre deux écueils :noyer le sujet en élargissant excessivement la focale (par exemple au profit d 'une étude sur l'insécurité dans la ville ou sur les dispositifs de sécurité publique en général); isoler le sujet en niant les interférences et son insertion dans des contextes (par exemple en faisant comme si l'habitat social n 'était pas inséré dans un environnement économique et urbain,comme si l'insécurité dans le logement n'était pas reliée à une insécurité plus vaste,comme si les outils de sécurité fonctionnant dans le logement social n'avaient aucun rapport avec les dispositifs de droit commun).

Il fallait être précis et en même temps suffisamment ouverts pour réussir à cerner à la fois les particularismes de l'insécurité dans le logement social,et les "agrafes"multiples de cette insécurité-là avec les autres manifestations de l'insécurité.

Nous ne sommes certainement pas parvenus en permanence à relever ce défi,mais nous nous y sommes constamment efforcés,au prix d'ailleurs de quelques frustrations.